Intégration
Mehdi, enfant des cités, bientôt policier
S'il a choisi d'entrer dans la police, « c'est parce qu'il y a de l'action ». A 19 ans, Mehdi Mabrouk, cheveux courts et regard assuré, n'est pas encore fonctionnaire de police mais il est sur la bonne voie. Depuis octobre, il porte l'uniforme des cadets de la République.
Cette semaine, lui et ses camarades ont été conviés par le ministère de l'Intérieur pour la cérémonie des voeux, place Beauvau. Dominique de Villepin veut en effet développer le système de ces cadets de la République « pour tous les enfants de France » . Actuellement, 550 jeunes sont répartis dans une trentaine d'établissements. L'an prochain, leur nombre devrait être porté à un millier, et le principe étendu à la gendarmerie et aux pompiers.
Fiers de porter l'uniforme A Draveil (Essonne), au château des Bergeries, ils sont dix-sept comme Mehdi à suivre cette formation d'un an en alternance, pour laquelle une centaine de candidats âgés de 18 à 26 ans ont postulé : pendant une semaine, l'enseignement général est dispensé au lycée Nadar à Draveil, tandis que la semaine suivante l'Ecole nationale de police (ENP) assure la remise à niveau en instruction civique et institutions politiques. Objectif : préparer les jeunes recrues au concours de gardien de la paix, le 23 février. Tous bénéficieront alors d'une indemnité d'études. Logés et nourris gratuitement dans les dépendances du château de Draveil, les dix-sept jeunes - 13 garçons, 4 filles - ont, en fait, jusqu'au mois de juin pour préparer le concours de gardien de la paix, à moins qu'ils ne réussissent dès la première session du 23 février. Depuis octobre, deux garçons ont été exclus de la formation pour « usage de stupéfiants », selon la formule du directeur de l'ENP, Jean-Claude Colin. En dépit de leur échec, le directeur souligne combien l'expérience a modifié leur état d'esprit : « Les parents m'ont dit que désormais, leur jeune faisait son lit, participait à la vie de famille et faisait du sport. » Il est vrai qu'à l'école des cadets, on ne badine pas avec la discipline ! A en croire Alain Lubin, chargé de la pédagogie à l'ENP, « le plus difficile, c'est la différence de niveau scolaire entre les élèves ». Formatrice, Chrystelle Thévenoux renchérit : « Certains sortent de troisième alors que d'autres ont le niveau bac. Nous essayons donc de faire en sorte qu'ils s'entraident pour que les bons tirent les plus faibles vers le haut. » S'il est évidemment trop tôt pour tirer un bilan du dispositif, les cadets, fiers de porter l'uniforme, semblent motivés pour faire carrière dans la police. Après deux années de BEP topographie et une première d'adaptation à Brétigny-sur-Orge (Essonne), Mehdi commence par rire lorsqu'on lui demande comment ses camarades de la cité des Mazières à Draveil ont réagi à l'annonce de sa vocation nouvelle. Avant de confier : « Avant, tous les soirs, la police faisait sa ronde à 22 h 30 et on se moquait d'eux. Maintenant, mon regard a changé. Les policiers sont des hommes comme nous qui assurent une mission de service public. Ce sont mes collègues. Je l'ai expliqué à mes copains et certains ont retiré un dossier pour devenir adjoint de sécurité. Aujourd'hui, je suis passé de l'autre côté de la barrière. »
Pour information : ENP de Draveil (01.69.83.77.22).
Philippe Baverel
Le Parisien , jeudi 06 janvier 2005