Villepin rend public son plan contre l'immigration irrégulière
Dominique de Villepin rend public ce mercredi son plan d'action contre l'immigration irrégulière, qu'il a remis mardi au chef de l'Etat et qui prévoit la création d'un "service public" de l'immigration, un renforcement de la police aux frontières et une quinzaine de mesures concrètes.
Le ministre présentera son plan jeudi au conseil des ministres. Il répond à une demande de Jacques Chirac qui dans un discours à Nîmes le 8 novembre avait affirmé la nécessité "de lutter humainement mais fermement contre l'immigration clandestine".
La France compte de "200.000 à 400.000" étrangers en situation irrégulière, et il est "hors de question" de les régulariser, déclare mercredi dans un entretien au Figaro le ministre de l'Intérieur. "Il s'agit d'une population estimée au total entre 200.000 et 400.000 personnes", a révélé le ministre à propos de l'immigration irrégulière qui "reste une réalité en France".
A une question du quotidien sur une éventuelle régularisation de ces personnes, et dont certaines se sont enracinées notamment en se mariant, M. de Villepin a indiqué: "c'est hors de question ! Les deux régularisations massives de 1981 et de 1997 se sont soldées par des échecs. A chaque fois cela a créé un appel d'air et produit de nouvelles arrivées".
Dominique de Villepin a affirmé à plusieurs reprises que sa "priorité absolue" pour 2005 était de lutter contre l'immigration irrégulière, en améliorant notamment le taux d'éloignement des étrangers en situation irrégulière. De 16.000 en 2004, leur nombre devrait atteindre 20.000 fin 2005, selon le ministère.
Le plan d'action de Villepin ne prévoit pas de nouvelle grande réforme législative, la priorité étant de mieux appliquer les lois existantes, sur l'immigration du 26 novembre 2003 et sur l'asile du 10 décembre 2003, et de mieux coordonner les moyens existants.
Il propose en premier lieu la création d'un "service public" de contrôle des flux migratoires.
Le ministre a abandonné l'idée de regrouper toutes les administrations concernées par la lutte de l'immigration irrégulière en un seul "service central" de l'immigration.
Toucher aux structures administratives "prendrait trop de temps", laisse entendre le ministère. Il ne s'agit donc pas de créer une nouvelle administration, ni de fusionner des services existants, mais de mieux coordonner l'action publique en matière d'immigration.
Le ministre entend aussi accroître le rôle de la Police des frontières (PAF) en la déchargeant de certaines missions et en lui donnant un rôle de coordonnateur de l'ensemble des services de police et de gendarmerie en matière d'immigration, apprend-on auprès du ministère.
Il ne s'agit pas de créer un service spécialisé de l'immigration, mais de faire en sorte que la police et la gendarmerie travaillent mieux en réseau avec la PAF.
La lutte contre l'immigration clandestine doit devenir, souhaite le ministre, la priorité de la sécurité publique et de la gendarmerie nationale, ajoute-t-on au ministère.
Le plan Villepin comprend par ailleurs une quinzaine de propositions concrètes visant à la prévention et la lutte contre l'immigration irrégulière, de l'entrée sur le territoire français à la sortie.
Les mesures portent notamment sur le renforcement des contrôles aux frontières, sur les visas de court séjour, l'éloignement des étrangers (faciliter l'obtention des laissez-passer consulaires), et une meilleure gestion de l'accueil des demandeurs d'asile.
L'aide au retour, qui jusqu'à présent n'a pas montré son efficacité, sera aussi remise en valeur.
Les mesures de lutte contre l'immigration clandestine sont rendues publiques à la veille de la réunion, jeudi à Paris, du G5 (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni, France) consacrée au contrôle des frontières extérieures à l'Union européenne.