Sans son gilet pare-balles, un agent de la police municipale d'Epinay-sous-Sénart serait peut-être mort, hier après-midi, dans l'exercice de ses fonctions. L'homme a été blessé à une main par un projectile, lors d'un banal contrôle routier, par un conducteur en état d'ébriété. L'agresseur, âgé de 54 ans, a même tenté de le poursuivre avant de changer d'avis et de prendre la fuite.
Il s'est reclus chez lui puis, après négociation, s'est rendu aux forces de l'ordre au moment où le Raid, l'unité d'élite de la police, arrivait sur les lieux. Vers 13 h 50, hier, deux policiers municipaux organisent un contrôle routier, place du Général-de-Gaulle à Epinay-sous-Sénart. Ils remarquent alors une voiture faisant des embardées sur la route et décident de la stopper. L'un des agents reconnaît un personnage qu'il a souvent interpellé en état d'ébriété et le fait sortir du véhicule. Soudain, sans raison apparente, le conducteur sort un pistolet de petit calibre et tire sur le policier au niveau du coeur. La balle ricoche sur le gilet pare-balles et atteint sa main. L'agent, qui n'est pas armé, court se réfugier dans un café. Contre toute attente, le tireur recharge et se dirige en marchant vers le débit de boissons. Un jeune homme se met alors à crier et l'agresseur s'immobilise, retourne à sa voiture et prend la fuite.
« Il y aurait pu avoir un massacre » « Si quelqu'un n'avait pas hurlé à ce moment-là, le type serait entré dans le bar et il aurait pu y avoir un drame », affirme un policier. « Le type était tellement saoul que personne ne pouvait prévoir ses réactions », confirme un témoin de la scène. Grâce à sa plaque minéralogique, les policiers nationaux du commissariat de Brunoy parviennent à déterminer l'adresse du conducteur. Très vite, des renforts sont envoyés sur place, vers 14 h 30, pour encercler la petite maison de ville. Un périmètre de sécurité est déployé et les voisins sont instamment priés de rester chez eux. Puis les négociations démarrent. « Quand nous avons appelé, c'est le fils du suspect qui a décroché, détaille le commissaire Gilbert Mabecque, responsable du district, qui a mené les discussions. Nous voulions connaître, en premier lieu, la situation dans la maison, l'état de son père et surtout savoir s'il y avait d'autres armes sur place. » Le jeune homme comprend très bien l'urgence de la situation et donne les renseignements au policier. Il lui apprend ainsi, pendant qu'il est au téléphone, que le tireur est attablé dans la cuisine... en train de boire des bières. Parallèlement, le Raid est alerté et se prépare à intervenir. Mais heureusement, vers 15 heures, alors que les premiers policiers de choc, encagoulés et puissamment armés, arrivent à proximité du pavillon, le commissaire Mabecque est rappelé sur son portable par le jeune homme qui lui annonce que son père accepte de se rendre. Le tireur, ancien chauffeur de taxi, est immédiatement placé en garde à vue. Le test d'alcoolémie révèle un taux de 2,32 g d'alcool par litre de sang. Malgré les perquisitions, l'arme n'a pas été retrouvée. Une information judiciaire devrait être ouverte demain pour tentative d'homicide.
Le Parisien du 29.04.2005